Haley &' Logan

Save me if you can.

Un animal en cage. Un lion qui a besoin de liberté pour survivre avec les autres. Ne supportant pas d'être toujours en compagnie d'autres fauves. Mais là, il ressemble réellement à un animal en cage, qui tourne sans cesse en rond. Il ne sait plus quoi faire pour que le temps soit moins long. Il faut dire qu'il n'a pas beaucoup de choix. La salle de musculation, de la peinture, du basket. Rien de bien extraordinaire en dehors des sorties qu'ils font. Tout cela ne lui convient pas. Et il est ici à cause d'un crétin. D'un pervers. Cela lui reste en travers de la gorge. Il ne regrette pas son geste. Non. Logan sait qu'il a eu raison de le faire. Il le fallait. Pour Alizéa. Et si c'était à refaire.. Il n'hésiterait pas une seule seconde. Mais il le ferait encore plus souffrir.

Alizéa. Sans nul doute la personne qui compte le plus dans la vie de Logan. Pas même sa mère n'a une place dans son cœur. Jamais. Il la hait au plus haut point. Jamais elle n'a levé le petit doigt pour lui venir en aide lorsqu'il se faisait frapper. Jamais elle n'a aider sa propre fille. Non. Trop amoureuse de son pervers. Trop préoccupée par sa prochaine journée shopping qu'elle peut se permettre grâce à l'héritage de son ex-mari. Une femme détestable. Haïssable. Si il avait su, il l'aurait tuer elle aussi. Une balle en pleine tête, juste entre les deux yeux. Le regard haineux. Lui exprimant à quel point elle ne représente rien pour lui. Elle n'est qu'un déchet de plus dans la vie. Elle ne vaut rien. Et ce n'est pas l'argent qui lui donnera des valeurs qu'elle n'aura jamais. Elle peut bien faire la belle. Se montrer avec des manteaux de fourrures qu'il trouve écœurant. Mais jamais elle n'aura l'allure d'une grande dame. Celles qu'on respecte et qu'on aime. Celles qui ont une certaine classe et qui restent dignes. Non, elle ne sera jamais comme ça. Elle, elle représente la vulgarité à l'état pure. Elle ressemble à une poule de luxe, rien de plus.

Alors, si on s'en prend verbalement à sa petite sœur qui n'est même pas là, Logan réagit toujours de la même manière. Son sang ne fait qu'un tour. Il ne contrôle plus rien. C'est ce qui est arrivé un peu plus tôt dans la journée. Il se trouvait au réfectoire, comme tous les jours. Assis avec d'autres prisonniers. Il était silencieux, mangeant tranquillement cette nourriture qu'on ne donnerait même pas à un chien. Quand son voisin de table lui fit une remarque. D'abord, une simple question. Qui est la fille sur la photo qui se trouve dans sa cellule ? Logan arqua un sourcil en le regardant. Déjà prêt à bondir en cas d'insulte. Il lui dit d'une voix lointaine qu'il s'agit de sa jeune sœur. Et malheureusement pour le mec, il fit la remarque en trop. Disant à quel point elle avait l'air bonne et qu'il la mettrait bien dans son lit. Serrant la mâchoire, les yeux de Logan perdirent de leurs éclats pour devenir noir. Ni une, ni deux, quelques secondes plus tard, sa fourchette était plantée dans le bras du prisonnier qui hurlé de douleur. Les gardiens arrivèrent rapidement, entrainant Logan loin de ce réfectoire. La direction ? Le cachot.

Il s'y trouve depuis quelques temps. Il ne saurait dire combien d'heures exactement. Peut-être une ou deux. Ou alors cela ne fait que quelques minutes, seulement. Il ne sait pas. Il perd toute notion du temps enfermé entre ses quatre murs étroits, plongé dans l'obscurité. Assit contre le mur, les genoux relevés, la tête penchée en arrière, il essaie de tenir le coup. Il n'aime pas cet endroit. C'est insupportable. Il a l'impression que la terre s'arrête de tourné, qu'il n'aura plus le temps de rien. Comme si il allait mourir là, de suite, dans ce cachot. Des pensées pas très rationnelles. L'énervement est encore là, bien trop présent. Sa tête heurte le mur toutes les cinq secondes. Ses poings s'écrasent brutalement sur le sol au même moment. Souffrance. Colère. Une douleur qu'il s'inflige à lui-même. Une douleur qui augmente un peu plus au fil des secondes. Il devient fou. Complètement dingue.

Il a tout perdu. Absolument tout. Sa vie, sa famille, sa liberté. Plus jamais il ne sera le même homme, même si il sort de cet endroit un jour. Lorsqu'on est un ancien détenu, la vie n'est plus la même. Les gens sont méfiants et n'osent pas venir vers la personne. Même lui parler. Comme si celui-ci avait la peste, une maladie contagieuse et dangereuse. Ils ne songent pas qu'ils veulent simplement un nouveau départ, tourner la page une bonne fois pour toute. De manière définitive. Non. Pour ceux qui sont libres, les anciens prisonniers resteront toujours des dangereux criminels qui auraient du rester en prison jusqu'à la mort. Lui, il lui reste 23 ans à faire. C'est long. Bien trop long. Jamais il n'aura le temps d'avoir une famille, d'avoir des enfants, une femme. Se construire un bel avenir. Non. Tous ces projets ont été réduis à néant le jour où il a tuer son beau-père. Mais regrette-t-il son choix ? Regrette-t-il son acte ? Pas le moins du monde. Du moins, parfois il semble avoir des regrets, mais cela ne dure pas très longtemps. Quelques minutes plus tard, il affirme le contraire, disant haut et fort à quel point c'était la meilleure chose à faire. Comment se comporter avec Logan ? C'est un mystère. Il peut dire noir, ensuite blanc. Il ne se fixe jamais sur une seule et même chose. Bien trop perturbé. Il n'arrivera jamais à être normal. Impossible.

Enfermé dans ce cachot, il a pleinement le temps de réfléchir, mais il ne le fait pas vraiment. En fait, il ne pense qu'à sa petite sœur qui doit faire face seule à la vie. Il a confiance en elle, il sait qu'elle en est capable, jamais il n'a douter d'elle. Pourtant, il aurait aimer être avec elle, l'aider, la soutenir, être cette présence rassurante qui l'aidera à faire ces choix, à prendre ces décisions. Mais il ne le peut pas. Il sait qu'elle en souffre également. Elle lui a dit. Alizéa voudrait que son frère soit avec elle, et non pas dans cette prison par sa faute. Pourtant, ce n'est pas de sa faute. Logan lui a fait comprendre. Elle n'y peut rien. Ce n'est pas elle qui a guider ce couteau qui se planté à plusieurs reprises dans le corps de Bradley. Non, elle n'a rien à voir là-dedans. Certes, il l'a fait pour elle. Conduit par la haine car elle avait été violée par ce monstre. Mais pas seulement pour elle. C'était aussi pour lui. Pour assouvir cette soif de sang qui ne faisait que grandir au fil des mois. Il voulait le voir mort. Il en rêver la nuit. C'était tout ce qu'il voulait. Maintenant que c'est fait, il respire mieux. Il a la satisfaction d'avoir débarrasser un monstre de cette planète.

Entendant une autre voix à l'extérieur, il se demande depuis combien de temps il est là. Réellement, il n'a aucune idée de l'heure qu'il peut être. Le temps s'arrête soudainement lorsqu'on a rien à faire. Plongé dans le noir, sans personne à qui dire quelques mots. Enfin, ce n'est pas vraiment ce qui le dérange. Lui, il est habitué au silence. Il n'est pas l'homme le plus bavard du monde, au contraire. Il se montre plutôt silencieux. Un peu trop froid. Trop distant. Mais il a bon fond, quand il le veut vraiment. Disons qu'il n'accorde pas sa confiance à n'importe qui. Si il ne se sent pas à l'aise avec quelqu'un, on ne tirera rien de lui. Il sait à quel point les gens peuvent être horrible, il n'a pas envie de se jeter dans la gueule du loup. Pas une nouvelle fois. Néanmoins, si cela arrive, il sait comment se défendre. Ouais. Si il a déjà tuer une fois, il est parfaitement capable de le faire une seconde fois. Ce n'est plus ce qui lui fait peur. Après tout, quitte à passer 23 ans ici, autant y mourir, ce serait mieux. Dehors, il ne se sentirait plus du tout à sa place.

Ayant entendu l'échange entre les deux gardiens, il sut aisément que c'était une femme à présent. Mais pas moyen de mettre un visage sur cette voix qui lui paraît être extrêmement douce. Il faut dire, depuis le temps qu'il est là, il ne sait plus trop où il en est. On suppose qu'il ne saurait même pas reconnaître la voix de sa propre mère, c'est pour dire. S'adossant à nouveau contre le mur, face à la porte cette fois, fixant l'obscurité en passant ses mains derrière sa nuque, restant ainsi sans plus faire le moindre mouvement.

« Nous ne sommes pas des animaux, vous savez... » glisse-t-il simplement, assez fort pour se faire entendre de la jeune gardienne.

Plongé dans l'obscurité entre ses murs humides, Logan avait tout le loisir de se perdre dans ses pensées. Des bribes de conversations qui lui reviennent, des instants heureux, une pointe de joie dans ce monde qui ne laisse place qu'à la tristesse. Le seul moyen de tenir debout, c'est de se souvenir. Prendre conscience que tous ne sont pas des monstres. Que, quelque part, il y a des gens biens. Et lui, s'il s'accroche encore, c'est parce qu'il sait qu'à l'extérieur, quelqu'un a besoin de lui. Besoin de le savoir vivant. Il sait très bien que si Alizéa ne reçoit pas au moins une lettre par mois, elle sera folle d'inquiétude. Alors, lorsqu'il écrit, il paraît joyeux, il dit que tout va bien pour lui. Elle se doute certainement que ce sont des mensonges, mais elle n'en parle jamais dans les lettres qu'elle lui écrit à son tour. Malgré qu'ils soient éloignés, séparés, ils restent proches. Jamais ils n'auraient du être éloignés l'un de l'autre, mais la vie n'est pas toujours une amie. Bien souvent, elle se révèle être notre pire ennemie.

« Logan, jure-moi que tu prendras soin de toi. Je t'en prie, fais-moi cette promesse. » Alizéa regardait son frère droit dans les yeux. Elle en menait pas large, elle avait les larmes aux yeux, prête à fondre en larmes dans la seconde. Lui, il avait ses mains posées sur ses joues, regardant sa petite sœur, il aurait été prêt à tout lui promettre pour que les larmes disparaissent. « Dans l'endroit où je serai, on ne peut être sûr de rien, Lili. Mais je m'accrocherai pour toi, et de ça, n'en doute jamais. » avait-il simplement répondu en la prenant dans ses bras, la serrant contre son cœur. C'était lors de sa première évasion, il voulait simplement voir Alizéa, rien de plus. Les autorités n'avaient pas mis bien longtemps avant de remettre la main sur le détenu. Il fut reconduit dans sa prison avant d'être à The Rock. Mais la journée qu'il avait eu la chance de passer avec sa sœur reste gravé en lui. « Tu n'es pas le criminel, Nikolaï ! N'oublie jamais que ce n'est pas toi, le monstre. » avait-elle criée à son frère avant que la police le pousse dans cette voiture, le conduisant loin d'elle.

Nikolaï. Le second prénom du jeune homme. Alizéa l'appelait ainsi lorsqu'il était en colère. Cela avait le don d'être un véritable apaisement pour lui. Le prénom de son défunt père pour qui il avait un profond respect. Si son père ne serait pas mort, jamais sa petite sœur n'aurait été violée par Bradley, et jamais Logan n'aurait commit ce crime. Hélas, les choses ont prit une tournure différente, et il est impossible de revenir en arrière. Si il le pouvait, il le ferait bien volontiers. Mais pas pour lui. Simplement pour sa sœur afin qu'elle ne vive pas éternellement avec ce souvenir immonde. Il sait à quel point elle a du mal à faire confiance aux hommes. Il est le seul à pouvoir être près d'elle. Mais avec le temps, il espère qu'elle passera outre ce traumatisme. Un jour.

Dans vingt-trois ans il sera un homme libre. Mais il n'aura aucune vie. Quand il sortira de cette prison, il aura déjà quarante-neuf ans. Bien trop tard pour se construire une nouvelle vie. Il aura tout perdu. Son seul véritable espoir c'est qu'Alizéa fasse tranquillement sa vie. Qu'elle ait des enfants, comme elle le souhaite depuis toujours. Lui, ce n'est pas grave. L'enfer qu'il vit suffit à occupé toutes ses pensées. Jour et nuit. Jamais une seule seconde de répit. Toujours plongé entre deux univers bien différent. Le bien et le mal. Comme si il pouvait être deux personnes différentes d'une seconde à l'autre. Un être instable et dangereux. Un être gentil et bon. Comment être certain d'être en compagnie de la bonne personne ? Impossible de le dire. Mais certaines personnes le ressentent. Et il ne fait jamais de mal sans que cela soit justifié.

Il avait sourit. Un mince sourire que la gardienne ne verra pas lorsqu'elle lui avait répondue. Oui, elle le sait. Une chance. La plupart des gardiens se comportement comme si ils avaient des animaux face à eux. Même si ils ont commis des choses affreuses, ils restent tous des êtres humains. Mais les mentalités ne changent pas. Et certaines personnes sont bien trop butées pour s'en rendre compte. Et de toute façon, il s'en moque. Lorsqu'elle lui demanda si il avait soif, Logan n'en crut pas ses oreilles. C'est bien la première fois qu'on lui demande cela alors qu'il se trouve au cachot.

« Cela n'est-il pas interdit ? Certes, cela commence à faire long... Mais je ne souhaite pas vous causez des ennuis. » répondit finalement Logan après quelques secondes de flottement.

Oui, il est surprit par ce comportement. Il est rare que ce soit des personnes gentilles. A moins que... ? Cela fait longtemps qu'il se trouve ici, et à vrai dire, il commence à perdre toute notion des événements. A moins que ce soit Haley Preston. La seule gardienne qui se montre gentille envers lui. Oh non, il y en a bien une autre, mais elle attend autre chose du jeune homme. Cette idée lui donne froid dans le dos.

« Et si vous êtes Haley Preston, j'accepte encore moins. Vous êtes certainement la dernière personne à qui je voudrais – volontairement ou non -, causer des problèmes. » ajoute Logan dans un soupir, croisant ses mains sur ses genoux en fixant le plafond de la cellule.