Allongé sur mon lit, je pris le temps de réfléchir à ce qu'était ma vie depuis que je suis enfermé entre ces murs. Plus rien n'avait de sens, les gens allaient et venaient continuellement. Certains arrivaient, ils faisaient leur temps, puis, ils disparaissent. Ils avaient la chance de pouvoir avoir une remise de peine, chose que je n'aurais jamais. Ils ont cette chance. Un jour, ils sortiront et seront des hommes libres, ils n'auront plus aucune crainte à avoir. Ils se réveilleront dans une chambre dans des draps propres, frais. Ils feront ce qu'ils veulent, plus jamais ils ne devront se réveillés à temps pour prendre une douche. Ils n'auront plus la crainte que les surveillants viennent et les tirent brusquement d'une rêverie pour marcher plus vite vers une quelconque destination. Moi, jamais plus je ne serais un homme comme ça. Parce que tout ma vie se passera dans cette prison. Une prison qui est comme une maison, un nouveau foyer. Je ne sais même pas si je serais encore capable de vivre normalement. Trop habitué à vivre selon les rythmes imposés. Le réveil toujours à la même heure, l'extinction des feux, les repas que l'on prend à heure fixe et tout le reste qui fait qu'une routine s'installe dangereusement. Une routine...

Les gens qui vivent à l'extérieur, ceux qui sont libres ont toujours cette crainte de vivre une routine quotidienne. Si seulement ils savaient la différence entre les deux monde, ils cesseraient de se plaindre bien vite. Hélas, ils ne sauront jamais. Mais je donnerais tout pour vivre cette routine ailleurs, vivre de mon métier et être libre. C'est ce qui me manque le plus. Qu'on me rende ma liberté, qu'on avoue enfin avoir fait une erreur. Qu'on admette le fait que je sois innocent. Les mains derrières la tête, tout en fixant ce plafond où la peinture s'écaille au fil des jours, je pense à la seule personne qui compte pour moi dehors, ma mère. Plus jamais elle ne verra son fils, alors que je suis la seule personne qui lui reste. Elle n'aura jamais de petits enfants, pas de belle-fille à chérir. Je sais qu'elle regrette cela, mais elle ne m'en fait jamais part dans ses lettres. Elle doit certainement se dire que c'est déjà assez difficile comme cela, inutile d'en dire plus. Elle croit en mon innocence. Peu de personnes y croient. Mais je ne peux, hélas, prouver ma bonne foi.

Les surveillants annoncent que c'est quartier libre. Encore une routine. Je soupir et me lève lentement, passant mes mains sur mon visage. Je dois avoir l'air crevé, et c'est le cas. Mais je m'en fiche. Ici, personne ne s'attend à ce que l'autre soit au top de sa forme. Une chance. Je sors de ma cellule et me dirige vers la sortie. Le soleil m'aveugle quelques secondes, je ne m'attendais pas à ce qu'il fasse ce temps. Je retire le haut de ma tenue de prisonnier, attachant les manches entre elles autour de ma taille, restant simplement en t-shirt. Je passe une main dans mes cheveux en batailles, et marche tranquillement quelques secondes. Seulement, je n'ai guère envie d'être là, j'ai besoin de faire quelque chose, ou je risque de devenir fou. Croisant les bras, je me dirige vers le terrain de basket, me rendant compte qu'une partie est déjà en cours.

Je reste de loin quelques instants, regardant simplement la partie. Je vois aussi un visage ami, Cheryl. Une qui croit en mon innocence. C'est tellement rare que je la bénis rien que pour ça. Mais après tout, tout le monde ne peut pas y croire. Apparemment, tous les prisonniers sont innocents. Une sorte de réponse lambda que tout le monde sort à tout va. Si cela peut alléger les consciences, pourquoi pas. Après quelques secondes, j'avance vers le groupe, la jeune femme me voit et m'adresse un sourire. Dois-je dire qu'il est aussi beau que ce soleil ? Bon, dans le pire des cas, c'est dit.

« Hey, Sam ! Tu te joins à nous ? » me demande un gars avec qui je joue souvent au basket lorsqu'on le peut. Je réfléchis un tiers de seconde avant de répondre positivement. « Ça roule, je me joins à vous. » répondis-je dans un mince sourire alors que la partie reprend.

En grand sportif, je n'ai aucun mal à suivre le rythme. Les passes s'enchainent, les paniers également. Les deux équipes font un bon boulot. Par le plus grand des hasards, je me retrouve dans celle de Cheryl. Étrangement, nous formons une excellente équipe, bien coordonnée. Elle réceptionne mes passes et marque sans difficulté alors que je fais également la même chose. Alors que nous avions le même score, je m'approche de la jeune femme, et lui glisse à l'oreille dans un murmure ;

« Si tu marques un trois point, la victoire est pour nous... » je souris et m'éloigne d'elle, déjà prêt à remporter cette victoire. Je ne doute pas de ses capacités, et c'est naturellement que c'est à elle que je vins dire cela. La partie reprend, l'équipe adverse loupe plusieurs occasions, je reprends le ballon, dribble et arrive vers le milieu du terrain, je repère Cheryl non loin de moi, je la regarde et lui fait une passe. Maintenant, à elle de jouer.